Bonjour à tous ! L'article du jour est un peu spécial : j'y laisse la main à Marie-Anne, qui a demandé à m'interviewer sur la pratique du co-schooling.
Même que j'ai le trac. 😁
Mais voilà, c'est avec un vrai plaisir, et je te remercie très sincèrement, Marie, d'avoir pris la peine de me questionner sur ce sujet qui m'est cher autant qu'à toi ! J'espère que vous trouverez, vous aussi, des réponses ici aux questions que vous vous posez peut-être ... Dans le cas contraire, n'hésitez pas à me relancer dans les commentaires ! 😊
Marie-Anne : La première fois que j'ai croisé le terme de co-schooling, c'était dans un de tes articles, je crois ... Ça m'a interpellée ... J'ai décidé de faire des recherches.
Ce que j'ai lu me rejoint particulièrement parce que j'y ai vu une sorte de troisième voie entre l'instruction en famille et la scolarisation "traditionnelle" dans laquelle une grande partie des apprentissages revient aux enseignants. Ça m'a donné envie de tenter quelque chose avec mes deux plus jeunes enfants. Il me semble que cela ressemble beaucoup à ce que tu vis avec tes enfants ...
Quelle serait ta propre définition du co-schooling ?
Elsa : Le mot est venu se mettre assez tard sur notre "pratique" : depuis la naissance de nos enfants, mon mari et moi avons décidé de faire de notre maison un lieu dans lequel apprendre est un plaisir. Cela s'est fait naturellement dans la mesure où, en fait, c'était déjà le cas avant la naissance des enfants ! Nous avons toujours eu des "chez nous" propices aux apprentissages, bourrés de livres, sans télévision, etc.
Mais en devenant Maman, j'ai eu cette prise de conscience :
Nous sommes les seuls au monde à pouvoir donner à nos enfants des parents qui aiment apprendre et apprendre avec eux. 😉
Lorsque j'ai lu le mot "co-schooling" (où ?) j'ai tout de suite su que c'était ce que je faisais.
Le co-schooling, pour moi, consiste à :
- Partager. Le "CO" de "CO-schooling", c'est clairement celui de "COéquipier". Tous les psychologues nous rabâchent qu'il faut partager un temps de qualité avec chacun de nos enfants. Apprendre ensemble, manipuler ensemble, c'est avant tout une manière simple de passer du temps ensemble. Et forcément, on adore ça. Tous.
Le co-schooling, c'est un engagement réciproque dans lequel l'adulte comme l'enfant font ce qu'il ont à faire. Le premier apprend à jouer, et le second apprend en jouant. 😊
- Se centrer sur les intérêts de l'enfant. Il s'agit, pour l'adulte, d'être connecté à son instinct. C'est un aspect très important : j'ai, en tant que parent, une connaissance intime de mon enfant. Je sais, pour peu que je prenne le temps de "brancher mes antennes", ce qui peut lui plaire ou non. Dès lors qu'on se pique de pédagogie, on se retrouve très vite exposé à des tas d'idées et de propositions - parmi lesquelles il faut faire un tri. C'est l'enfant lui-même qui est notre guide. Si je me fie à ce que je lis à droite et à gauche, je verrai des tas d'enfants qui, bien qu'ayant l'âge des miens, auront fait bien plus, compris bien plus, et posséderons bien plus de jouets et de matériel éducatifs. Pour ne pas me noyer dans ce flots d'informations, je dispose d'une boussole objective : mon enfant. Et avec le temps, j'apprends à me connecter à lui de plus en plus finement - et à me tromper de moins en moins dans mes propositions. Ah, ah !
- Prêter une attention permanente au matériel. C'est l'une de mes grosses prises de conscience montessoriennes : plutôt que de s'auto-ériger en détenteur du savoir, l'adulte peut glisser un matériel choisi dans l'environnement de l'enfant. On sort alors de la triangulation "maitre/savoir/élève" puisque l'enfant construit ses connaissances via le matériel directement, sans que nous n'ayons besoin d'interagir (ou si peu). Je parle ici des jouets que nous mettons à disposition de nos enfants. Et du matériel artistique, de sport ... Il se trouve que je n'hésite pas, moi, à investir parfois dans du matériel purement pédagogique, mais il n'y a rien d'obligatoire ! Et bien des choses peuvent être fabriquées ...
- Permettre à l'enfant de voir le monde pour ce qu'il est : la plus grande et la plus belle salle de classe imaginable, qui propose une myriade "d'ateliers". Bon, j'imagine que cette image ne parlera qu'aux adultes : mes enfants n'auraient pas l'idée de comparer le monde à une salle de classe, ouf ! L'important est qu'ils "vivent le monde", et qu'ils développent (certes inconsciemment) une conception de l'apprentissage qui déborde celle qui se construit trop souvent à l'école. Non, on n'arrête pas d'apprendre lorsque sonne la cloche. Au contraire !?
- Encourager la curiosité et l'apprentissage à chaque étape de la vie. Je "co-schoolais" déjà lorsque mes enfants avaient 6 mois, et ce sera encore le cas quand ils auront 18 ans (ou 50, si je suis encore de ce monde !). Ce qui suppose de s'adapter, il est vrai. Et d'entretenir une relation riche tout au long de la vie.
- Développer la soif de savoir. Apprendre ainsi, "dans le monde", développe une pertinence, une connexion intime avec ce qu'on apprend. On peut sans doute décrocher d'un parcours scolaire ; mais on ne peut décrocher de la vie. Être vivant, c'est construire des outils et des compétences pour réfléchir, créer et produire dans notre siècle ; être vivant, c'est s'adapter, c'est apprendre. Les savoirs ne sont pas figés. Dès lors que ceci est posé, la question de la motivation ne se pose plus ... Bien sûr que l'enfant en redemande ! Et je me dis avec bonheur qu'il n'a pas fini de devenir un apprenant : vivre et apprendre sont synonymes ! 😊
Si on voulait, cette fois, donner du co-schooling une définition négative :
Le co-schooling signifie : on ne réserve pas les apprentissages à l'école.
C'est tellement logique ! Laissez moi parler à vos entrailles (si, si) et prendre l'exemple du très jeune enfant. Que répondriez-vous à la personne qui vous dirait, en vous voyant interagir avec votre bébé : "Mais enfin, ne lui propose pas de mobiles ! Ne lui tend pas ce hochet ! Ne lui parle pas ! Tout ça, c'est le travail de la crèche/de la nounou !"
Voilà. C'est ce genre de sentiment que j'éprouverais si on me disait : "L'adjectif qualificatif ? Mais enfin, c'est le travail du maître ! Ne lui parle pas Géographie ou Sociologie, sans quoi il s’ennuiera à l'école ... Mais enfin, l'anglais ou l'éducation à la santé, ce n'est pas à toi de le faire !"
Je me dirais que les gens qui parlent ainsi vivent dans un drôle de monde, tout vide, dans lequel les "matières scolaires", qu'il s'agit de "faire" (?), flottent devant eux dans l'air éthéré ... Les bons élèves les attrapent, les autres, non. Question de chance, sans doute.
Ou pas. 😊
Marie-Anne : As-tu fait des lectures sur le sujet qui t'ont particulièrement inspirée ?
Elsa : Mon parcours, est, je crois, connu des lecteurs de ce blog. J'ai découvert la pédagogie Montessori très tôt dans mes études, mais elle ne m'est clairement "apparue" que lorsque je suis devenue Maman. Antonin, mon fils aîné, avait 5 mois.
De fil en aiguille, deux ans et demi plus tard, j'ai découvert la pédagogie Waldorf/Steiner, un peu plus ancienne, dont j'aime beaucoup l'essence - bien que l'idéologie ait très mal vieilli et qu'elle nous parvienne teintée des horreurs historiques qu'elle ne pouvait prévoir ...
Son essence, donc : privilégier la connexion humaine et rythmer sa vie de famille sur le monde naturel. Oui, dit comme ça, c'est vrai que ça fait un peu sectaire. 😊 C'est sans doute pour cela que ma boulangère me regarde d'un drôle d’œil quand je lui dit que ça me fait mal de quitter mon jardin pour aller bosser. C'est que je dois être sectaire. C'est ça. 😊
Et puis, il y eut la découverte Reggio. Dont je ne suis toujours pas remise. Et dont je ne comprends toujours pas pourquoi on la cantonne aux "petites" classes de maternelle.
En bref, cette pédagogie insiste sur la communication et les relations entre les apprenants. Très co-schooling, tout ça, finalement. La question de la "documentation" est peut-être un peu plus difficile à mettre en place à la maison, mais finalement, avec le temps, nous commençons à développer des outils tout simples, économiques et efficaces, qui font bien le job.
En bref, cette pédagogie insiste sur la communication et les relations entre les apprenants. Très co-schooling, tout ça, finalement. La question de la "documentation" est peut-être un peu plus difficile à mettre en place à la maison, mais finalement, avec le temps, nous commençons à développer des outils tout simples, économiques et efficaces, qui font bien le job.
Sinon, je garde toujours un œil fort attentif sur la théorie des intelligences multiples, sur l'émergence de Charlotte Mason (encore un vieux truc ressuscité récemment, pour notre plus grand bonheur) et sur les travaux de Célestin Freinet (un classique celui-là, mon premier amour !). Tout cela m'inspire énormément, je rêve d'une espèce de synthèse de toutes ces approches ... qui serait si riche, si ouverte, si vivante ! 💙
Ceci-dit, je n'ai pas fait de lecture spécifique sur le co-schooling ... et rien ne me vient. Mais si vous avez des tuyaux, je veux bien ! 😊
Marie-Anne : Suis-tu une progression prédéterminée et structurée dans les activités que tu proposes ou est-ce que tu fonctionnes seulement au jour le jour en fonction de tes enfants, de ce qui se présente, de tes observations ? Ou est-ce un peu les deux à la fois ?
Elsa : Surtout pas de progression déterminée ! L'avantage du co-schooling, c'est que nous ne sommes pas à l'école. Programmer prend un temps fou - un temps dont je ne dispose pas. Et pourquoi le ferai-je ? Je n'ai pas d'inspection à subir, aucun compte à rendre ...
Nous avons un carnet sur lesquels nous notons les questions que les enfants nous posent et auxquelles nous sommes incapables de répondre. A titre d'exemple, les dernières en date (signées Antonin) sont : "Que mangent les mouches ?" , "Qui a inventé les dessins-animés ?" et "Comment peser l'air ?". 😁 Sur ce même carnet, nous notons les idées d'ateliers que nous aimerions réaliser prochainement. Louiselle m'y a fait écrire : "Décorer des cupcakes.", "Fabriquer des ballons sensoriels." et "Dessiner sur du tissu.", et j'ai ajouté : "Fabriquer du papier recyclé." Le Papa des enfants, généralement, ne note rien, mais propose aussitôt que l'idée germe dans sa tête (dernière en date : Proposer un support pour utiliser la visseuse/dévisseuse.)
Toutes ces idées, toutes ces questions, sont là, notées ; si les enfants le souhaitent, ils peuvent nous solliciter pour mener une recherche (via des documentaires et Internet) ou pas. Certaines tombent dans l'oubli, ce n'est pas grave. Apprendre, ce n'est pas tout savoir. Il y a une chose qu'on découvre rapidement lorsqu'on est enseignant : on ne peut pas tout faire. Et ce n'est pas grave du tout, puisqu'apprendre est un processus, pas un résultat. Lorsqu'on a compris cela, on n'a plus peur des éventuelles lacunes - ni des siennes, ni de celles de ses enfants !
Notez que je propose aussi des activités à mes enfants auxquelles ils n'auraient pas pensé. Tout ne vient pas d'eux ! Nous sommes une famille : certaines choses sont amenées par eux, et d'autres par moi ou mon homme. Nous prenons les idées comme elles viennent. Cela me parait sain et équilibré. 😉
Parce que, d'abord, il y a des choses qui ne s'inventent pas. Par exemple, le son que codent les lettres. Ou la signification des chiffres romains. On peut laisser l'enfant s'enferrer dans une enquête fastidieuse sur la signification de ces signes - ou on peut l'aider à mémoriser ces conventions pour ce qu'elles sont : des conventions, arbitraires et utiles, dont il s'agit de systématiser la connaissance si on ne veut pas, à 9 ans, se retrouver le nez le nez en l'air dès qu'il s'agit d'écrire le son [g] - "Qu'avais-je découvert au terme de mon enquête, déjà ?". Maria Montessori ne dit pas autre chose : ce type de systématisation fait l'objet de ses leçons à trois temps. Mon enfant ne peut pas deviner les mots "onze", "douze" et "treize", ni les mots "vingt", "trente", "quarante". Je les lui apprends donc, lorsque je constate que le fait de ne pas les savoir l'empêche d'accéder à ce à quoi il tend.
De plus, j'appartiens à une communauté de pensée qui innove énormément, et qui m'inspire. Je parle de ce que découvre sur Internet, oui, via les blogs de parents et les comptes Instagram. J'inspire à mon tour mes enfants - j'espère ! - en leur proposant des activités nouvelles dont ils n'auraient pas eu l'idée tout seuls (et dont je n'aurais pas eu l'idée toute seule, non plus, d'ailleurs) : réaliser des moulages de plâtre, mémoriser telle comptine anglaise ou organiser une chasse aux étoiles... Les idées circulent, nous ne sommes pas seuls au monde, centrés sur notre nombril et nos petits "centres d'intérêt" !
Partir des intérêts de l'enfant, c'est une bonne base. Mais proposer d'autres choses (en pleine conscience de qui est cet enfant-là, néanmoins), c'est un prolongement indispensable. Qui donnera naissance à d'autres centres d'intérêt ! 😊
Nous avons un carnet sur lesquels nous notons les questions que les enfants nous posent et auxquelles nous sommes incapables de répondre. A titre d'exemple, les dernières en date (signées Antonin) sont : "Que mangent les mouches ?" , "Qui a inventé les dessins-animés ?" et "Comment peser l'air ?". 😁 Sur ce même carnet, nous notons les idées d'ateliers que nous aimerions réaliser prochainement. Louiselle m'y a fait écrire : "Décorer des cupcakes.", "Fabriquer des ballons sensoriels." et "Dessiner sur du tissu.", et j'ai ajouté : "Fabriquer du papier recyclé." Le Papa des enfants, généralement, ne note rien, mais propose aussitôt que l'idée germe dans sa tête (dernière en date : Proposer un support pour utiliser la visseuse/dévisseuse.)
Toutes ces idées, toutes ces questions, sont là, notées ; si les enfants le souhaitent, ils peuvent nous solliciter pour mener une recherche (via des documentaires et Internet) ou pas. Certaines tombent dans l'oubli, ce n'est pas grave. Apprendre, ce n'est pas tout savoir. Il y a une chose qu'on découvre rapidement lorsqu'on est enseignant : on ne peut pas tout faire. Et ce n'est pas grave du tout, puisqu'apprendre est un processus, pas un résultat. Lorsqu'on a compris cela, on n'a plus peur des éventuelles lacunes - ni des siennes, ni de celles de ses enfants !
Notez que je propose aussi des activités à mes enfants auxquelles ils n'auraient pas pensé. Tout ne vient pas d'eux ! Nous sommes une famille : certaines choses sont amenées par eux, et d'autres par moi ou mon homme. Nous prenons les idées comme elles viennent. Cela me parait sain et équilibré. 😉
Parce que, d'abord, il y a des choses qui ne s'inventent pas. Par exemple, le son que codent les lettres. Ou la signification des chiffres romains. On peut laisser l'enfant s'enferrer dans une enquête fastidieuse sur la signification de ces signes - ou on peut l'aider à mémoriser ces conventions pour ce qu'elles sont : des conventions, arbitraires et utiles, dont il s'agit de systématiser la connaissance si on ne veut pas, à 9 ans, se retrouver le nez le nez en l'air dès qu'il s'agit d'écrire le son [g] - "Qu'avais-je découvert au terme de mon enquête, déjà ?". Maria Montessori ne dit pas autre chose : ce type de systématisation fait l'objet de ses leçons à trois temps. Mon enfant ne peut pas deviner les mots "onze", "douze" et "treize", ni les mots "vingt", "trente", "quarante". Je les lui apprends donc, lorsque je constate que le fait de ne pas les savoir l'empêche d'accéder à ce à quoi il tend.
De plus, j'appartiens à une communauté de pensée qui innove énormément, et qui m'inspire. Je parle de ce que découvre sur Internet, oui, via les blogs de parents et les comptes Instagram. J'inspire à mon tour mes enfants - j'espère ! - en leur proposant des activités nouvelles dont ils n'auraient pas eu l'idée tout seuls (et dont je n'aurais pas eu l'idée toute seule, non plus, d'ailleurs) : réaliser des moulages de plâtre, mémoriser telle comptine anglaise ou organiser une chasse aux étoiles... Les idées circulent, nous ne sommes pas seuls au monde, centrés sur notre nombril et nos petits "centres d'intérêt" !
Partir des intérêts de l'enfant, c'est une bonne base. Mais proposer d'autres choses (en pleine conscience de qui est cet enfant-là, néanmoins), c'est un prolongement indispensable. Qui donnera naissance à d'autres centres d'intérêt ! 😊
Marie-Anne : Comment fais-tu pour trouver le juste équilibre entre ce qui se vit à la maison et ce qui se vit à l'école ? Te donnes-tu des limites ?
Elsa : Je ne suis pas sûre de bien entendre ta question ... Parles-tu de l'équilibre de l'enfant ou du mien ? 😊
Allez, je pense que tu parles de l'équilibre de mes propositions ... en terme de contenu ? C'est cela ?
Je refuse de suivre - ou d'anticiper - ce qui se passe à l'école. Genre : "Ah, ma fille va aborder la leçon du COD, vite, je vais lui expliquer avant, comme ça elle comprendra mieux à l'école.". Raisonner ainsi revient à ne pas croire en la capacité de l'enseignant à expliquer - pire : cela revient à ne pas croire en la capacité de l'enfant à comprendre.
Vous allez certainement être surpris de quelque chose : je me soucie assez peu de ce que mes enfants apprennent à l'école. S'ils me parle de l'école, bien sûr, ça m'intéresse. Notez qu'ils me parle beaucoup de ce qu'il y vivent, mais assez peu de ce qu'il y apprennent. C'est normal. Cela me donne parfois (rarement) des idées sur lesquelles rebondir.
Mais je n'analyse pas leurs cahiers. Je dois, comme la plupart des parents, je crois ?, me faire un peu violence lorsque le jour vient où il faut les signer. L'idéal est de feuilleter avec l'enfant ses travaux, d'en discuter avec lui, de montrer que cela nous intéresse. Et on le fait, oui. Je le fais, comme tout le monde. Mais je vous assure qu'il y a des soirs où cela relève clairement de la corvée, même si je joue l'enthousiasme (cela vient peut-être aussi de mon métier : des cahiers, j'en vois assez !).
De la même manière, c'est toujours mon mari qui encadre les devoirs du soir.
Après une journée de classe, j'aime bien raconter la mienne aux enfants. Alors, ils me racontent souvent la leur. Ma "fenêtre" sur leur scolarité se borne à cela, et c'est parfait pour moi.
C'est peut-être ce que tu entends quand tu me demandes si je me donnes des limites ? Oui, je m'en donne, de ce point de vue. Je me tiens à distance. 😊
Si ces limites concernent le contenu des savoirs, par contre : il n'y a aucune limite. Toute matière, tout concept peut être invité sous notre toit s'il passe par là. A bon entendeur ! 😉
Allez, je pense que tu parles de l'équilibre de mes propositions ... en terme de contenu ? C'est cela ?
Je refuse de suivre - ou d'anticiper - ce qui se passe à l'école. Genre : "Ah, ma fille va aborder la leçon du COD, vite, je vais lui expliquer avant, comme ça elle comprendra mieux à l'école.". Raisonner ainsi revient à ne pas croire en la capacité de l'enseignant à expliquer - pire : cela revient à ne pas croire en la capacité de l'enfant à comprendre.
Vous allez certainement être surpris de quelque chose : je me soucie assez peu de ce que mes enfants apprennent à l'école. S'ils me parle de l'école, bien sûr, ça m'intéresse. Notez qu'ils me parle beaucoup de ce qu'il y vivent, mais assez peu de ce qu'il y apprennent. C'est normal. Cela me donne parfois (rarement) des idées sur lesquelles rebondir.
Mais je n'analyse pas leurs cahiers. Je dois, comme la plupart des parents, je crois ?, me faire un peu violence lorsque le jour vient où il faut les signer. L'idéal est de feuilleter avec l'enfant ses travaux, d'en discuter avec lui, de montrer que cela nous intéresse. Et on le fait, oui. Je le fais, comme tout le monde. Mais je vous assure qu'il y a des soirs où cela relève clairement de la corvée, même si je joue l'enthousiasme (cela vient peut-être aussi de mon métier : des cahiers, j'en vois assez !).
De la même manière, c'est toujours mon mari qui encadre les devoirs du soir.
Après une journée de classe, j'aime bien raconter la mienne aux enfants. Alors, ils me racontent souvent la leur. Ma "fenêtre" sur leur scolarité se borne à cela, et c'est parfait pour moi.
C'est peut-être ce que tu entends quand tu me demandes si je me donnes des limites ? Oui, je m'en donne, de ce point de vue. Je me tiens à distance. 😊
Si ces limites concernent le contenu des savoirs, par contre : il n'y a aucune limite. Toute matière, tout concept peut être invité sous notre toit s'il passe par là. A bon entendeur ! 😉
Marie-Anne : Tu as l'opportunité de pouvoir observer cette réalité des deux côtés, as-tu le sentiment que cette façon d'accompagner ses enfants et de leur permettre de faire une partie de leurs apprentissages à la maison, avec leurs parents, soit considérée de façon positive par les enseignants ? Ou est-ce cela peut-être source de tensions ?
Elsa : Tout dépend, et en France on souffre cruellement d'une certaine vision des matières scolaires ... Par exemple, si votre enfant est très moteur et que vous passez votre week-end à courir et à jouer au foot avec lui, tout le monde trouvera cela très bien. De même pour les activités artistiques et technologiques. C'est comme si, pour ces disciplines, tout le monde s'accordait sur le fait qu'il ne pouvait pas y avoir conflit entre deux manières d'apprendre - à l'école et hors de l'école.
Si votre enfant se passionne de Sciences ou d'Histoire, on ne manquera pas de le féliciter pour sa culture générale. Qui ne peut que tomber du ciel, bien entendu. 😉 Je ne suis pas sûre que vous soyez compris si vous expliquez que vous passez vos week-end à nourrir cet appétit en fournissant le matériel scientifique, modélisant les découvertes, confectionnant des cahiers, inventant des jeux, etc.. On risque de vous trouver un peu farfelu. Gentiment farfelu, bien entendu. 😊
Par contre, si le dada de votre enfant, c'est la grammaire (ou les tables de multiplication ...) je vous conseille fortement de garder cela pour vous. Le "français" et les "mathématiques" sont estampillés "matières scolaires" depuis la naissance de l'école - vrai je crois que les gens pensent sincèrement qu'on en "faisait" pas avant. En tout cas, si vous glissez que vous fournissez des alphabets mobiles à votre enfant de maternelle, on va immédiatement vous suspecter (le mot est faible) de le sur-stimuler.
Prudence, donc, dans ce que nous racontons de notre vie intime aux enseignants. Après tout, ils n'ont pas besoin de savoir ce que vous faites à la maison. Ils constateront certainement certains penchants chez votre enfant ("Ah, ce qu'il est matheux, hein ?") et ils seront tout content de faire cette découverte tout seuls. Ils n'ont pas besoin que vous leur fonciez dessus le jour de la rentrée en disant : "Je vous préviens, il adore les maths, il fait des maths toute la journée ! D'ailleurs, je voulais vous demander : vous connaissez Montessori ?". 😂
Puisqu'on aborde ce sujet, je voudrais développer en quelques mots cette relation parents/professeur. 😊
Pensez toujours que l'enseignant a quelques 30 enfants à gérer chaque année (je vous l'accorde, c'est très difficile à concevoir lorsqu'on n'est pas du métier !), et qu'il a besoin de temps pour les connaître. Avec chacun, il va développer une relation unique. Dont vous, en tant que parent, êtes exclu. Ce qui se joue à l'école n'appartient qu'à votre enfant. C'est une opportunité qui lui est offerte de vivre quelques heures loin de votre regard - vrai, je pense que cela fait du bien de ne pas toujours être avec ceux qu'on aime. A l'école, votre enfant a la possibilité de ne pas être celui qu'il est à la maison - et vous serez peut-être surpris d'apprendre que la fillette que vous savez si musicienne ne se distingue pas tant que cela en musique, finalement, à l'école. Ce n'est pas grave - mieux : c'est très bien. Souriez, faites-lui confiance, et continuer de lui proposer des activités musicales à la maison si elle en demande. 😊
Plutôt que de vouloir échanger à toute force avec l'enseignant autour de votre enfant, laissez-le respirer. La relation est d'autant plus chouette avec l'enfant que ses parents ne prennent pas trop de place. Bien sûr : rendez-vous aux portes ouvertes, aux réunions, aux rencontres parents-profs, portez-vous volontaires pour les sorties, saluez les enseignants et prenez le temps d'échanger quelques mots sur votre enfant si nécessaire. Mais je vous assure que les parents qui nous harponnent un quart d'heure tous les matins, et qui réclament 3 réunions d'une heure par an (que nous finissons par accorder sur notre temps personnel, soit dit en passant) alors que tout va très bien, s'ils ne polluent pas la relation qu'on a à leur enfant, finissent tout de même par gâcher quelque chose ...
Avec les enseignants, deux règles d'or : faites confiance ! Et préservez votre jardin secret ... 😉
Marie- Anne : Pour terminer, quels seraient tes conseils pour les parents qui voudraient vivre une forme de co-schooling ?
Elsa : Lancez-vous le défi d'apprendre quelque chose tous les jours ! Faites-le avec plaisir, et échangez avec vos proches sur ce que vous apprenez. Le reste viendra tout seul, à savoir : vos enfants développeront le goût d'apprendre ! 😊
Enjoy !