C'est quelque chose qui m'a souvent frappée chez Maria Montessori : elle préconise en général de donner à l'enfant un aperçu global d'une science donnée, et de se concentrer ensuite, pas à pas, sur les détails, à mesure que l'enfant s'y intéresse. C'est le cas par exemple en géographie, où l'on part du planisphère pour aller vers le continent, le pays, puis la région. C'est le cas aussi en Sciences, et en particulier, en Sciences de la Vie.
La vision que nous avons des Sciences (et de la Vie) a beaucoup évolué depuis le début du XXe siècle. Il n'en reste pas moins que le monde de Maria Montessori et le nôtre se ressemblent - équilibristes de l'impossible. Le monde de Montessori est suspendu au-dessus des horreurs que ses contemporains anticipèrent fort bien. Quant au nôtre ... Hum, enfin, vous connaissez le tableau.
Nos mondes se tiennent tous les deux à quelques coudées du cataclysme. Or, au bord du gouffre, la beauté du Monde apparait clairement, non comme une antidote, hélas ! mais comme la seule Vérité qui nous dépasse, et qui nous survivra.
Tout ça pour dire que certains passages de Maria Montessori sur le mystère de la vie et de la Nature peuvent sembler un tantinet mystique au lecteur d'aujourd'hui, et passablement désuets. Mais ce sera qu'à mon sens, ils n'ont pas été compris. Car ils sont au contraire, brûlants d'actualité !
Commencer par donner un aperçu global, donc. Afin de permettre à l'enfant de percevoir, à son humble niveau d'Hominidé, le miracle de la beauté du monde.
En biologie, c'est ce que propose le Jeu du Soleil. 🌞
Il s'agit d'une première approche des chaînes alimentaires. C'est simple, ludique, esthétique, et ça amorcera bien des discussions passionnantes entre vous et vos enfants.
1. Un Soleil (en bois, en tissu, en papier ...). Le nôtre provient de notre calendrier lunaire, mais si nous n'avez rien d'équivalent sous la main, vous pouvez le dessiner vous-même ou en imprimer un très joli ICI.
2. Un jeu de cartes, comprenant des images de végétaux variés (les producteurs), d'herbivores (ou consommateurs primaires), de carnivores primaires (consommateurs secondaires, qui se nourrissent d'herbivores) et de carnivores secondaires (consommateurs tertiaires, qui se nourrissent de carnivores).
À vous d'adapter le vocabulaire présenté à votre enfant en fonction de votre feeling : ici, j'ai fait le choix basique de m'appuyer sur ce que les enfants connaissaient déjà : végétaux, herbivores, carnivores, omnivores. Mon objectif était surtout que Louiselle façonne une première image des chaines alimentaires, et qu'Antonin affine la sienne - en particulier le fait qu'elles commencent toute par un végétal (ou du moins un organisme autotrophe, mais passons).
Quelques précisions concernant ces cartes :- Notre soleil en bois dispose de 8 branches : j'ai donc fait figurer 8 photos de végétaux variés, à mettre en correspondance avec chacun des rayons. On peut tout à fait en proposer plus (ou moins). Dans la foulée, j'ai conçu 8 cartes d'herbivores et 8 de carnivores/omnivores.
- J'ai souhaité économiser l'encre couleur de mon imprimante et ai conçu mes cartes à partir de dessins (en noir et blanc, donc). Que les enfants ont été ravis de colorier une fois l'activité terminée. 😊
- J'ai fait le choix de ne pas faire figurer de code couleur sur les cartes selon le maillon de la chaine alimentaire auquel appartient l'organisme. Les enfants cherchaient eux-mêmes les catégories auxquelles appartenait chaque être vivant (je vous explique tout ça plus bas).
- Pour la même raison, je n'ai pas proposé de "corrigé" : plusieurs agencements sont possibles ici sans qu'il n'y ait de bonne réponse : le merle peut être placé comme un consommateur primaire (il mange des fruits) ou secondaire voire tertiaire (il mange des insectes).
Déroulé de l'activité :
On commence cette activité en posant une représentation du soleil au centre d'une table ou d'un tapis et en sollicitant l'enfant : Qu'est-ce que c'est ? Comment cela s'appelle ? Que se passerait-il s'il n'y avait pas de Soleil ? En quoi le soleil est-il important ? On laisse la discussion aller là où elle doit aller, on accepte toutes les réponses (vous découvrirez, grâce à votre enfant, que le soleil "sert" à bien des choses ...) jusqu'à rebondir sur celle qui nous intéresse : sans soleil, pas de lumière, pas de chaleur. Pas de plantes.
On demande aux enfants de trier les cartes représentant des végétaux et de les placer autour du soleil.
Ils cherchent ensuite parmi les cartes celles des animaux qui se nourrissent de ces plantes. Ici, Louiselle s'est chargé du gros du travail (Antonin sait s'effacer quand c'est un peu facile pour lui) et a étalé la deuxième série de cartes en rayonnant autour du premier cercle.
Nous avons procédé de même pour le troisième, voire quatrième niveau de cette pyramide écologique : qui mange le campagnol ? Et le merle ? Qui se nourrit de larves ? L'adulte reformule toutes les chaines mis au jour par l'enfant, et n'oublie pas d'employer aussi la voie passive : la larve est mangée par la libellule. La salade est mangée par l'escargot, qui est mangé par le hérisson et le merle.
A la fin, on décide de trier tout ce petit monde par catégories : Louiselle se charge de dessiner un point au feutre vert au dos de toutes les cartes "végétaux", puis Antonin trace un rond bleu au revers des "herbivores", et puis ... Et puis le doute s'immisce, souvent, pour déterminer si un animal est carnivore ou omnivore ... Alors, le Damoiseau fait des recherches ... 😉
C'est ainsi qu'ici, le code couleur n'est pas donné d'avance, mais déterminé par les enfants. Et aucun "contrôle de l'erreur" n'est proposé, puisqu'ils pourront, la prochaine fois, agencer ces cartes autrement ... dans le respect des régimes alimentaires de chacun, bien entendu !!
J'espère que vous aimerez ce jeu autant que nous ! 😊
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