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Reconnexions


Oyez, oyez, voilà un an tout juste que cet article traine dans mes brouillons ! 😄

Les photos qui l'illustrent datent d'ailleurs de septembre 2017 - mes enfants avaient 5 et 6 ans, il était 17h et nous avions sorti une boule d'argile au jardin. Antonin avait voulu réalisé une forêt, et avait commencé à récolter divers matériaux autour de lui pour les intégrer à ses sculptures, "pour faire des arbres". Louiselle et moi avions tout de suite adhéré au projet. Ce soir-là, nous avions complètement oublié l'heure, et je me souviens que lorsque le Papa des enfants était rentré, il nous avait trouvé échevelés et enthousiastes, les mains couvertes de glaise et les esprits plein d'explications et de récits poétiques sur notre forêt enchantée.

Bon, le dîner n'était pas prêt, les devoirs n'étaient pas faits, les enfants n'étaient pas douchés ... Certainement, il avait fallu mettre un coup de turbo pour arriver à se coucher à l'heure, mais cela valait le coup ! 😊

Ceci est un exemple typique de ce que j'appelle une reconnexion. 😊

Je vous rassure : on peut très bien se reconnecter en famille sans mettre à mal les horaires impartis - et si cela arrive parfois, il faut se dire que cela fait du bien, aussi, de temps en temps, d'oublier sa montre un soir de semaine ...

Vous êtes nombreuses à me questionner sur nos petites reconnexions, lorsque je les évoque sur Instagram. Cependant, j'ai longtemps hésité à écrire cet article, car voilà : ce ne sont que des lapalissades, vous allez voir, et je suis sûre que vous pratiquez déjà ces "reconnexions" chez vous !

Ne sachant décidément pas par quel bout prendre cet article, j'ai décidé de partir de vos propres questions, que je reprends une à une et auxquelles j'essaie de répondre. N'hésitez pas à me relancer si certaines de vos interrogations demeurent ! 😊


1. Qu'est-ce qu'une reconnexion ? Qu'est-ce que ce terme recouvre pour toi ?

Alors, je suis allé regarder dans le dictionnaire 😊 (oui, c'est de la triche ...)

"Connexion : Action de lier par des rapports étroits. Fait d'être lié. Liaison, enchaînement : Établir des connexions entre la situation intérieure et les événements extérieurs. - Reconnexion : action de rétablir une liaison de ce type."

La vie moderne est dense. Certaines semaines, on a l'impression de ne plus toucher terre et de ne faire qu'enchainer, dans l'urgence, les actions énumérées sur notre to do list. Je n'aime pas ces semaines-là. Certaines semaines avant Noël sont ainsi. Ou le moi de juin. Ou, tenez, au hasard, le mois de septembre. 😁 

J'imagine que vous vous êtes déjà dit, au milieu d'une de ces semaines de folie pure : "Oh, vivement que l'on se pose, car là, en ce moment, j'ai l'impression de ne pas voir ma famille."

L'impression de ne pas se voir. Cela devrait faire comme un déclic dans notre tête. Pourquoi alors ne pas aller vers l'Autre, et lui dire : "J'ai vraiment l'impression qu'on ne se voit plus en ce moment ... On se regarde dans les yeux cinq secondes ?"

Alors on se regarde, voire on se touche, on se sourit. On se dit "Salut !". Avec chaleur. Cinq secondes. 

Ce peut être fait à un feu rouge lors d'un trajet dans l'urgence, ce peut être fait dans la queue d'un supermarché lors d'une course-à-la-dernière-minute, ce peut être fait au milieu d'un repas sur le pouce : "Salut !"

La reconnexion, c'est cela. C'est tout bête, mais il y a un avant et un après. Chacun a puisé dans un réservoir commun - la reconnexion, c'est un port dans l'ouragan des "Il faut" et des "On doit".


2. Est-ce que le but c’est juste de passer un moment tous ensemble ou y a-t-il aussi un but pédagogique ?

Le but, c'est de se voir, c'est tout. Le fait que cela passe parfois par une activité commune est une contingence pure, liée au fait que dans notre famille, on aime bien ça, les activités. 😊

Mais comme je l'ai dit plus haut, la plupart de nos reconnexions consiste simplement en un : "Oh là là, j'ai besoin de te voir ! On se regarde ?". Ou bien : "J'ai besoin d'un câlin ! Qui me fait un câlin ?". Ou même : "Quelqu'un est partant pour un câlin géant ?"

Bon, le câlin géant, c'est un "spécial". Un câlin à plusieurs (plus on est, plus c'est fun) dans lequel on s'entasse, on s'entremêle - y en a toujours un pour crier qu'on l'écrabouille. On soupire d'aise, on rigole, et je vous assure qu'après ça, on est bien reconnecté. 😊 Comptez quand même cinq minutes - c'est plus long qu'un simple "Salut ! ", mais c'est plus court que de concevoir une forêt enchantée. 😉

Il y a une autre reconnexion qu'on aime bien et qui consiste : à ne rien faire. Celle-là, j'avoue, elle m'a demandé un certain apprentissage, mais maintenant je sais me vautrer sur un canapé, ne plus bouger et me taire. 😊 Non seulement ça me détend, mais généralement, il y a toujours dans les secondes qui suivent un enfant qui vient se coller à moi. Soit avec un livre ou un jouet, soit avec rien. Alors, c'est chouette, parce qu'on est deux à ne rien faire. Ça ne dure jamais très longtemps, car généralement, l'enfant se met à parler. C'est dans ces moments-là que mes enfants me racontent le mieux ce qui les préoccupe. Le but du jeu, pour moi, est de parler au minimum et de bien écouter, pour ne pas rompre le charme. 

Pour une reconnexion de ce type, comptez une dizaine de minutes. Ça commence à faire long, mais pendant ce temps, on se repose et on pose les bases d'une relation de confiance pour l'avenir. On voudrait tous devenir ce parent auquel son enfant, même ado, même adulte, parle, n'est-ce pas ? La reconnexion ne promet rien, mais elle jette de bonnes bases, j'en suis sûre. 😉

Vous me dites : "Mais ces reconnexions-là, on les voit jamais ! On a toujours l'impression que tu fais plein d'activités sur ton compte IG !".

Soyons clair : les câlins ne se photographient pas. Le simple fait d'y penser tue le câlin. "Ne rien faire", c'est pareil. Si vous êtes en train de prendre une photo, c'est raté ! Vous êtes en train de faire quelque chose ... 😉

La vie ne se réduit pas aux photos qu'on en prend, et les reconnexions non plus.

Mais c'est vrai : certaines reconnexions chez nous se font sous forme d'activités. Qui se photographient, elles, plutôt bien (quoique pas toujours).

Toutes nos reconnexions ne sont donc pas des activités. Et toutes nos activités ne sont pas des reconnexions. Peuvent être qualifiées de "reconnexions" les activités qui nous permettent de restaurer le lien familial. Elles occupent nos mains tout en délassant nos esprits et en libérant nos cœurs. On œuvre ensemble, et on papote. Il s'agit souvent d'activité créatives ou sensorielles. Ce peut être aussi une lecture partagée ou un petit jeu de société. Ce peut être une promenade ou la confection d'une recette de cuisine. Même une "leçon" d'anglais ou de solfège peut être un prétexte à reconnexion, si elle est menée de manière ludique. Mais il est vrai que les soirs de semaine, nos préférences vont souvent vers des activités plus délassantes, moins "scolaires".


3. Est-ce que vous vous reconnectez chaque soir ?
Vous reconnectez-vous après chaque séparation, même courte ?

Je pense que l'on se reconnecte chaque soir, oui. Et même certainement chaque matin, et plusieurs fois par jour. Après chaque séparation, oui, même courte, oui, sans doute ! 😊 Cela peut être fait en moins d'une minute, comme je le disais plus haut - il suffit parfois d'un simple échange de regards, d'une pleine attention partagée.

La reconnexion n'a pas nécessairement lieu au moment où on se retrouve. On n'a pas envie forcément de sauter les uns sur les autres, il faut parfois ménager un petit temps de transition, entre le moment "hors famille", et le moment "en famille", durant lequel chacun se "reconstitue". Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire ? 😄

Mais si votre question est : "Faites-vous une activité chaque soir ?", la réponse est non, non, pas du tout ! 😄

Il y a les soirs où je rentre tard - voire très très tard -, trop tard. Il y a les soirs où les enfants, à peine les cartables jetés dans l'entrée, foncent dans leur chambre pour jouer, jouer - et n'en redescendent que pour enchainer le ballet rituel "devoirs-douche-rangement de chambre-dîner". Ils traversent une phase comme cela en ce moment, vrai : j'ai l'impression de ne pas les avoir vus depuis la rentrée ...


(Ah !? "J'ai l'impression de ne pas les avoir vus ..." C'est donc qu'une petite reconnexion s'impose !! 😄)

Ces soirs-là sont des soirs sans activité - mais non sans reconnexion, bien sûr. On se reconnecte autour d'un repas, d'une lecture, d'une partie de rigolade dans la salle de bain ou au moment du dernier câlin avant la nuit. Vous connaissez cela, n'est-ce pas ?


4. Concernant les reconnexions sous forme d'activités : À quel moment interviennent-elles ? 
Les proposez-vous lorsque vos enfants sont énervés, par exemple ?

Alors, c'est sûr, réaliser une activité est plus long que de faire un câlin de deux minutes. Encore qu'il y ait des activités très courtes. Hier soir, par exemple, nous avons réalisé des empreintes de spores de champignons de Paris - cela nous a pris 5 minutes montre en main.

Le moment où l'on propose une activité est toujours un peu délicat. Grosso modo, il y a deux écueils à éviter :

- Il ne s'agit pas d'interrompre l'enfant dans ses jeux pour lui imposer une activité qu'il n'a pas demandé. L'enfant qui joue/dessine/fait de la balançoire ... est concentré sur son action. Il est autonome, il a exercé son pouvoir de choix et est en train de faire exactement ce qu'il faut qu'il fasse : il grandit. Et il n'a pas besoin de nous. Sachons respecter ces temps de jeux autonomes - et profitons-en pour récurer la maison, passer quelques coups de fil urgents, prendre une douche ou commencer un bon bouquin ...

- Il ne s'agit pas de proposer une activité pour combler un manque. Les enfants s'ennuient, ils se disputent ? Hop, je dégaine mon activité-diversion, et on pense à autre chose ! Sauf que non : une activité n'est pas une antidote, elle ne règlera pas la dispute, elle n'apprivoise pas l'ennui. Agir ainsi, c'est exactement comme proposer un bonbon à un enfant qui vient de se blesser. Mon enfant s'ennuie, il cherche querelle ? Ce n'est donc pas le moment pour se reconnecter. On proposera l'activité quand il sera allé au bout de cette expérience, certes désagréable, mais instructive.

Quel est donc LE BON moment pour proposer une activité ? Chaque famille est différente, mais ici, je sens quand un de mes enfants commence à me tourner autour, qu'il a envie de faire quelque chose avec moi ... de partager un moment, de "se poser". À noter qu'ils grandissent par chez nous, et sont à présent tout à fait en mesure de venir me voir pour me dire : "Maman, on fait une activité ?" 😆


5. As-tu une façon particulière de leur présenter la chose ?

Euh, oui ... 😊 Je dis : "Ça vous dit, une p'tite activité ?" 😄

6. Ces activités sont-elles des propositions de ta part ou de la leur ? Qu'est-ce qui vous inspire ?

Donc, je dis : "Ça vous dit, une p'tite activité ?" - Bon, généralement, si j'ai bien choisi le moment, c'est oui. Donc ensuite vient la question : "Euh, qu'est-ce qu'on pourrait faire ?". Ce ne sont pas les idées qui nous manquent (on les note d'ailleurs dans un petit carnet) mais il peut arriver qu'on soit en manque d'un certain matériel. Il y a deux jours, on voulait refaire l'expérience de la densité des liquides, mais nous n'avions plus de miel, ni rien pour le remplacer.  Il faudra attendre les prochaines courses, et en attendant, on se rabat sur autre chose.

Les idées viennent indifféremment des adultes ou des enfants. On valide l'idée qu'on peut réaliser tout de suite très simplement, avec le temps et les objets dont on dispose.

Exemple : La dernière idée en date vient de Louiselle, qui vient de dégoter une sorte de mini-terrarium, plutôt haut mais très peu profond. "Maman, me dit-elle, je voudrais y mettre des plantes avec des racines et des vers de terre." Après réflexion, nous décidons d'y planter de petits bulbes, mais de renoncer aux vers de terre. Ils ne seraient pas heureux, le récipient est trop petit. Par contre, l'idée d'y mettre des plantes est assez chouette, mais il faudra attendre notre prochaine virée à la jardinerie. Pour aujourd'hui, je n'ai rien de viable à proposer. Nous notons donc l'idée de Louiselle dans notre carnet ... et sortons la pâte à modeler. 😊


7. Combien de temps ? Quel temps y consacres-tu ?

C'est très variable.

D'abord, il y a des activités qui ont une fin - préparer des champignons pour recueillir leurs spores, par exemple. Bon à un moment, ça y est, c'est fait, il n'y a plus qu'à attendre, on passe à autre chose.

D'autres activités, plus créatives souvent (peinture, bacs sensoriels, jeux d'eau ...), s'arrêtent lorsque les enfants s'en détournent ... Ou lorsque que l'heure me rappelle à l'ordre. 😅 Je m'octroie une certaine souplesse dans les horaires, par exemple on essaie de diner entre 18h30 et 19h00. Les jours où on est vraiment parti dans quelque chose, je sais qu'on peut mordre un peu, de toute façon, on ne se couchera pas à minuit non plus !

Il y a quinze jours, j'ai fait une expérience qui m'a beaucoup apporté. La voici. J'avais calculé qu'il fallait une dizaine minutes à Louiselle pour émerger le matin - entre le moment où je rentre dans sa chambre et le moment où elle sort du sommeil et commence à être en mesure de s'habiller. Comme j'ai un métier dans lequel je ne peux pas être en retard (cette option n'existe tout simplement pas ! 😄), le temps m'est compté - d'autant que je n'ai pas envie de réveiller ma fille trop tôt, elle est "couche-tard/lève-tard" depuis sa naissance. Donc voyez-vous, j'aimerais bien que les 10 minutes se transforment en 5 minutes. 😁 Alors, puisque je suis une adulte avec ma logique d'adulte, je m'agite : je lui parle, je la bisoute, je chantonne, je câline, j'entre-ouvre les volets, je fais-un-peu-de-bruit-mais-en-douceur ... Rien n'y fait : les dix minutes sont apparemment incompressibles.

Puisque c'est ainsi, je commence à me demander pourquoi je me fatigue. Donc un matin, au lieu de faire tout cela, je m'allonge à côté de ma fille, l'enlace et décide m'octroyer un peu de repos en attendant qu'elle sorte du sommeil.

Bilan : Louiselle émerge 10 minutes plus tard.

C'est seulement le temps qui lui faut, l'énergie que je mets à la tirer du sommeil ne change absolument rien à l'affaire. 

Du coup, maintenant, pendant 10 minutes, je me repose. 😊 Et j'oublie l'heure, parce que j'ai confiance : dans dix minutes, la journée pourra commencer.

Je crois qu'un principe analogue peut être appliqué à nos soirées : si on accepte de laisser filer le temps sans stresser, on s'aperçoit que tout s'organise ... de soi-même ... en temps et en heure (à peu près).


8. Comment les enfants adhèrent-ils aux activités que tu proposes ?

Mes enfants adhèrent fortement, d'ailleurs j'en ai fait un blog. 😁 J'aurai bien aimé tenir un blog culinaire, moi, voyez-vous, mais l'adhésion à mes petits plats est nettement plus aléatoire ... 😄

Blague à part : Antonin et Louiselle sont habitués depuis leur naissance à ce que nous partagions du temps de qualité ainsi, autour "d'activités". Ce sont toujours des moments ludiques, au cours desquels ils savent que je vais leur consacrer toute mon attention. Comment n'adhèreraient-ils pas ? 😊


9. Comment ce petit rituel est-il entré dans votre quotidien ?

Lorsque j'ai repris mon emploi, il y a 3 ans, j'ai vraiment réalisé la dimension aliénante du travail. C'est quelque chose qui m'imprègne fortement depuis que je suis Maman, je dois faire beaucoup effort au quotidien pour que mon boulot ne "mange" pas ma vie. Je crois que ces petites reconnexions m'aident à me sentir vivante, et pas seulement "travaillante". Finalement, c'est peut-être moi qui, dans la famille, en ait le plus besoin !! 😄

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J'espère de tout cœur que ce petit article vous a conforté et/ou éclairé ... N'hésitez-pas à me relancer si tel n'était pas le cas !!

Et si vous en voulez encore, il  y a cet article d'il y a trois ans - comme quoi cette problématique me travaille depuis un petit moment : Trois gestes simples pour se (re)connecter

Je vous souhaite à tous de belles reconnexions familiales !! 😘

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